
L’insidieuse nuit m’a grisé trop longtemps !Pensif à ma fenêtre,
Ô suave matin, je veille et je t’attends ;
Hâte-toi de paraître.
Viens ! au dedans de moi s’épandra ta clartéEn élément tranquille :
Ainsi l’eau te reçoit, ainsi l’obscurité
Des feuilles te distille.
Ô jour, ô frais rayons, immobilisez-vous,Mirés dans mes yeux sombres,
Maintenant que mon cœur à chacun de ses coups
Se rapproche des ombres. Jean Moréas (1856-1910) Les Stances Livre VI Stance 8